« Anarchnowa », le black block du bon sens.

« Anarchnowa », le black block du bon sens.

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« Ces extraits sont tout ce qui reste de la civilisation tunisienne, après son extinction en 2088. Les scientifiques avertissent que ce que vous vous apprêtez à regarder là peut avoir un effet néfaste sur vos capacités mentales. Les raisons du suicide de ce peuple demeurent méconnues jusqu’à ce jour. »

 

Ce message apparaît d’emblée, comme un avertissement aux âmes sensibles en tous genres, dès qu’on clique sur l’une des 21 vidéos d’« Anarchnowa » mises en ligne à ce jour. Le support est simple, les moyens de diffusion sont ceux qu’offrent YouTube et Facebook. La série détonne dès les jours de diffusion de la saison 1.

 

 

Les ingrédients du succès : ni télé ni maître !

 

Les épisodes d’« Anarchnowa » suivent tous un même procédé, celui du zapping ponctué de ces sortes de courtes vidéos virales. Le ton est celui d’un humour noir, sarcastique, mais surtout critique. Les médias et la politique restent les sujets de prédilection, mais la série porte aussi sur diverses actualités sociales, culturelles ou autres. Seule constante, la chasse au ridicule et au mauvais goût. « Anarchnowa » se rit certes de presque tout, mais offre surtout, en filigrane, une ou plutôt des réflexions sur ce qui unanimement, provoque la stupeur, le dégoût ou au mieux fait rire, quoi qu’amèrement.
« Anarchnowa » au bout de 8 mois de diffusion s’est imposée comme un must-watch chez les Tunisiens, quelle que soit la tranche d’âge. Du coup, on se pose très vite la question, à qui revient le mérite ? À un jeune homme Tunisien, dont on sait très peu de chose, mais qui de toute évidence choisit de détourner les feux de la rampe sur son projet, que sur sa personne. Un deuxième mérite vient s’ajouter après celui de la virtuosité, celui d’une web-série travaillée, composée et créée avec la minutie des grands et n’étant pourtant que l’œuvre d’une seule personne.

 

 

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Génération digitale

 

Contestataire, révolté et se voulant révoltant, dérangeant, le projet est entièrement digital. L’audience elle aussi est virtuelle avant d’être physique. Tout se passe sur le net.

 

Tout s’y est toujours passé, depuis 2010, depuis les premières luttes avec les sites bloqués par la censure et les proxys téléchargés pour la contourner. La résistance en Tunisie, résistance dans son sens le plus large, s’est accomplie via divers canaux depuis le temps de la colonisation jusqu’à ce jour. Le digital a offert en ce sens une voie alternative, un espace d’expression parallèle à celui de la rue, sûrement plus accessible et plus libre par moments. « Anarchnowa » est le parfait exemple de ces luttes menées contre les tabous, le politique folklorique, les clichés sociaux, l’absence sidérante de bon goût, de savoir-vivre, de recul, de jugeote, de culture, de… On n’en finira pas, « labess » nous ne le sommes pas vraiment, « Anarchnowa » le dit, nous le dit, entre deux rires et avec beaucoup d’autodérision. Et ça fait du bien !